Exposition “Photographies anciennes”

Installation pour la visite virtuelle du fonds de photographies anciennes du couvent Saint-François de Canari 

Présentation générale du Fonds

Pendant plus de cinq ans, la Kanelate a constitué un fonds de photographies grâce au riche patrimoine que constituent les photographies anciennes conservées par les familles du village de Canari.
Les photographies ont été sélectionnées dans les collections familiales puis reproduites sur support argentique. Le choix du support argentique pour cette reproduction est celui de la conservation dans le temps de ces archives. Cent vingt familles du village ont participé au projet. Certaines collections conservées géographiquement ailleurs ont été rapatriées ponctuellement afin de permettre une reproduction de qualité.
Une légende précise accompagne chaque document et indique leur appartenance. Les familles restent propriétaires des images reproduites, elles ont le statut de collectionneur ; leur accord est nécessaire pour chaque utilisation.

La richesse du Fonds

Trois grandes époques se dessinent :

Seconde moitié du XIXème siècle – tout début XXème
Il s’agit essentiellement de portraits posés de personnes seules ou en famille. La photographie est alors chose rare et précieuse, le photographe, une sorte de magicien. Il n’est pas rare à cette époque de n’être photographié qu’une seule fois dans sa vie. On posait en ayant conscience que c’est l’image de soi qui restera après sa mort… d’où l’intensité de ces images.
De cette première époque datent aussi les tout premiers reportages photographiques ; des photographes professionnels se déplacent dans les villages pour immortaliser des évènements exceptionnels.

Autour des années 1920/30
Apparition de l’appareil photo chez les particuliers. Le photographe est de plus en plus souvent un membre de la famille auteur de ce qu’on pourrait appeler les premiers «reportages familiaux». Ces images sont souvent des instantanés pris sur le vif. De nombreuses scènes villageoises ont été fixées par ces premiers photographes «amateurs».

Les années 1940/50
Cette période plus récente offre une très grande quantité d’images car de plus en plus de familles possèdent leur propre appareil photo ! Ces images sont souvent pleines de vie et d’une grande fraîcheur.

La photographie pour communiquer
Pour toutes ces époques, la photographie, envoyée par la poste, a souvent été un lien entre ceux qui partaient et ceux qui restaient au village. On partait à la guerre, aux colonies, on s’embarquait comme marin et on parcourait le monde, ou tout simplement on partait travailler sur le continent.

Installation pour la visite du Fonds 

La collection ainsi réunie permet de donner naissance à plusieurs thématiques.

Principe
Dans une salle sombre, un écran grand format haute définition, relié à un ordinateur, permet de visiter les thèmes de façon virtuelle à plusieurs.

Visites
La consultation est très simple, attractive et ludique. Le visiteur a le choix de visiter un ou plusieurs thèmes selon son envie, son rythme et selon ses pôles d’intérêt.
La mise en page des images est très sobre, le traitement plein cadre avec bords noirs, l’exigence esthétique du choix des images, l’économie de texte, tout est au service de l’image et de la mise en valeur de la qualité photographique du fonds.
Comme dans une galerie photo, chaque image est une œuvre.
Un professionnel de la retouche a retravaillé chacune des images redonnant lisibilité et beauté à des documents souvent très abîmés. Le médium de l’ordinateur rend possible cette sorte de restauration virtuelle…

Les thèmes

  • PORTRAITS
  • FAMILLES
  • TERRE
  • PÊCHE
  • CHASSE
  • LA MINE
  • MARINS
  • TRAVAILLER AILLEURS
  • PARTIR (Aux pays lointains)
  • AMERICA !
  • ÉCOLE
  • GUERRE
  • CÉRÉMONIES
  • MODE
  • SUR LA ROUTE
  • AU SERVICE MILITAIRE
  • FÊTES
  • VACANCES
  • AMOUR

Le lieu

La salle photo est une vieille cave voûtée du XVIe siècle toute en pierre. Un énorme rocher jaillit du sol. Le contraste entre la technologie de l’installation et l’ancienneté des images et du lieu sous-tend l’esthétique de la salle.

Ecrire avec la lumière

«Photographier», littéralement «écrire avec la lumière».
La pièce sombre est uniquement éclairée par les photographies : les photographies lumineuses visibles sur le grand écran, et aussi les photographies de l’exposition permanente des murs (chaque photo a son spot de lumière individuel). Quand le visiteur est assis face à la lumière de l’écran, toutes les autres sources lumineuses sont latérales ou dorsales, de façon à ne pas parasiter sa vision.

Un lieu propice à la mémoire

Le principe de la navigation sur ordinateur permet d’offrir aux visiteurs une très grande quantité d’images (500). Les fonds iconographiques sont généralement réservés aux professionnels (iconographes, éditeurs, historiens, chercheurs…). La particularité de ce fonds est d’être accessible à tous de façon attractive. Cette mémoire collective est rendue au public dans son intégralité.
Cette vieille cave est un lieu propice à la mémoire, l’imaginaire et la contemplation. Le coté souterrain du lieu, l’énorme rocher qui jaillit du sol évoquent le monde de l’inconscient.

Un lieu convivial

La qualité de silence du lieu et la disposition en arc de cercle des sièges offerts aux visiteurs autour de l’écran est propice aux échanges : ceux-ci peuvent partager leurs impressions, leurs réactions, leurs commentaires sur les images. Au centre de l’arc, la personne ayant l’initiative de la commande peut aussi piloter au gré des demandes de chacun. Ainsi les parcours d’exposition s’enrichissent par ces multiples rencontres.
Ce lieu est convivial pour toutes les familles qui ont collaboré au projet et dont les ancêtres sont les acteurs et les auteurs de cette aventure. Pour les visiteurs, cette installation est une occasion extraordinaire de rencontrer les habitants du village à travers son histoire, comme si on les invitait à entrer dans les maisons et qu’on leur ouvrait l’album de famille.

Le village comme microcosme

La mémoire conservée dans ce lieu dépasse les frontières du village et aussi celle de l’île… A travers une simplicité apparente, l’histoire d’un petit village corse – Canari – se révèle l’histoire de l’humanité tout entière, le passage des temps anciens à l’époque moderne formant l’histoire la plus passionnante, parce qu’elle ne finit pas, celle des vivants.

Elizabeth Scaglia